Public Administration



K02 - Policy and Social Services' Delivery

Date: Jun 12 | Time: 10:15am to 11:45am | Location:

Science ou émotions ? Le rôle de l’incertitude dans la formulation des politiques publiques durant la pandémie de COVID-19: Antoine Lemor (Université de Montréal), Eric Montpetit (Université de Montréal)
Abstract: En situation de crise, le principe des politiques publiques fondées sur les preuves (EBPM)—i.e., la traduction des preuves scientifiques en politiques publiques—peut être réalisable, notamment car certaines barrières qui séparent les scientifiques des décideurs sont levées face à la nécessité d'agir de manière éclairée. Dans cette étude, nous examinons de manière critique l'application de l’EBPM pendant la pandémie de COVID-19, mettant en lumière sa mise en œuvre contre-intuitive, voire irrationnelle, dans des conditions de crise. Dans un contexte d'incertitude élevée, il est impossible que les politiques publiques soient uniquement basées sur des preuves scientifiques. Pour cette raison, elles sont également susceptibles de résulter de réactions cognitives et émotionnelles. En utilisant des techniques innovantes de Traitement Automatique du Langage Naturel (TALN), notre étude explore cette interaction en mesurant les sentiments d'incertitude et de négativité des décideurs, ainsi que le niveau de preuve. Notre étude montre que, de manière contre-intuitive, bien que le niveau de preuve ait exercé une influence sur les politiques sanitaires, celui-ci a davantage été déterminant dans l'assouplissement de mesures sévères plutôt que dans leur mise en œuvre. À l'inverse, les sentiments d'incertitude des décideurs amplifié par la nature évolutive du virus a conduit à des sentiments négatifs et à l'adoption de politiques sévères. En d’autres termes, durant la pandémie, la sévérité des politiques publiques semble avoir davantage dépendu de ce que nous ne savions pas, que de ce que nous savions. L’augmentation du niveau de preuve s’est plutôt traduite par un sentiment de réconfort, guidant les ajustements des mesures vers moins de sévérité. Cela semble irrationnel du point de vue de l’EBPM, car la mise en œuvre des politiques publiques dépend moins du niveau de preuve que de l'incertitude et des sentiments négatifs. Bien que nos résultats montrent qu'une crise concrétise le principe de l’EBPM, cette étude souligne la relation nuancée entre preuve et politique, en particulier en contexte de crise, et appelle à une réévaluation du rôle de la science dans l'élaboration des politiques, compte tenu de la fragilité potentielle des preuves dans des situations inédites. Elle contribue également à la proposition d'un cadre méthodologique innovant basé sur le TALN, permettant de mesurer le sentiment d'incertitude rarement opérationnalisé dans les études de politique publique.


Examining Coordinated Service Delivery Challenges in Child Welfare in Ontario: Employing End-User Perspectives for Policy Design and Development : Abigail Jaimes Zelaya (McMaster), Maria Gintova (McMaster University)
Abstract: Coordinated service delivery is a model aimed at providing holistic client-centered care (Halsall et al. 2019). This model is yet to be realized in the child welfare sector in Ontario, where a lack of service coordination among service providers forces individuals and families to navigate existing services on their own. Though existing literature offers important insights on challenges with coordinated service delivery, analysis involving perspectives of those receiving services is rare and does not fully account for the needs and lived experience of marginalized communities, specifically Black communities. At the same time, Black children and youth are overrepresented at every stage of the child welfare system in Ontario– from initial investigation to placement in out-of-home care (Antwi-Boasiako et al. 2022; Bonnie and Facey 2022). This paper aims to explore opportunities and solutions to enable coordinated service delivery in the child welfare in Ontario. By bringing voices of Black youth, families, and services providers in Black communities into this research, we will underscore the necessity to engage under-represented populations in policy design and development to ensure that proposed solutions meet their needs. Therefore, we will fill in the gap in existing scholarship by focusing not solely on barriers and opportunities in coordinated service delivery but also on policy changes and implementation considerations developed based on the perspectives of Black youth, families, and services providers in Black communities.


Démystifier le faible investissement des dépenses de santé publique au Québec: Emna Ben Jelili (École de santé publique de l'Université de Montréal), Olivier Jacques (École de santé publique de l'Université de Montréal)
Abstract: Plusieurs études démontrent que les programmes de santé publique contribuent à prévenir la mortalité, améliorent la qualité de vie et réduisent les coûts des soins de santé sur le court et long terme (Dyakova et al. 2017 ; Masters et al. 2017). Pourtant, le peu de ressources allouées à la santé publique suggèrent que les décideurs politiques n’adhèrent pas aux impératifs de prévention (Rechel 2019; Guyon et al. 2017). En effet, le portrait des dépenses de santé dans les provinces canadiennes suggère un sous-financement inquiétant des investissements en prévention (Jacques et al.2023). Selon les données de l’Institut Canadien d’Informations sur la Santé, le Québec est la province qui enregistre la part la plus faible des dépenses en prévention tant en dollars par habitant qu’en proportion des budgets alloués à la santé entre 1975 et 2018. Le retard du Québec sur les autres provinces se confirme même en ajustant l’écart entre la mesure des budgets provinciaux et la mesure de l’ICIS (Ammi et al. 2021). Une analyse qualitative préliminaire permet pourtant de constater que le Québec affichait, au début des années 90, une réelle volonté politique d’accorder une place importante à la prévention au niveau du financement et de l’organisation du système de santé. Toutefois, les nombreuses réformes structurelles et restrictions budgétaires dirigées de manière disproportionnée vers les services régionaux de santé publique ont progressivement démantelée cette orientation politique (Fiset Laniel et al 2020; Gmeinder et al. 2017). Or, les autres provinces ont augmenté leurs investissements en santé préventive au début des années 2000. Pour comprendre davantage le portrait des dépenses de prévention dans les provinces canadiennes nous nous interrogeons sur : qu’est-ce qui explique le faible niveau d’investissement du Québec en matière de santé publique? Quelles composantes politiques ou économiques permettraient d’expliquer qu’une juridiction investisse en prévention? Dans un premier temps, en analysant les cadres budgétaires des quatre grandes provinces canadiennes, nous cherchons à déterminer s’il existe une disparité dans la manière de mesurer la dépense en santé publique. Sur cette base, nous chercherons, dans un deuxième temps à mieux comprendre les facteurs politiques et organisationnels qui expliquent le faible niveau d’investissements en santé publique au Québec. En tant que politique invisible orientée vers le long terme qui ne jouit pas d’un appui social, la santé publique a tendance à ne pas être priorisée par les gouvernements par rapport à d’autres dépenses publiques (Jacques et Noël 2022). Nous explorerons l’hypothèse voulant que la compétition entre le portefeuille de la santé publique et les autres portefeuilles soit plus forte au Québec qu’ailleurs. Le Québec est la seule province intégrant la santé et les services sociaux dans le même ministère et il est plausible que cette intégration crée une compétition entre les enveloppes budgétaires qui nuise aux budgets de santé publique. Par ailleurs, la centralisation du réseau de la santé québécois depuis 2000 accentue la compétition budgétaire, puisque la santé publique doit compétitionner avec une panoplie d’autres missions importantes au sein des CISSS.


The Third Sector entering the Era of Artificial Intelligence: A longitudinal study of early adoption in Canadian registered charities.: Gboyega Ojo (Carleton University), Callie Mathieson (Carleton University), Paloma Raggo (Carleton University)
Abstract: The recent introduction of ChatGPT in 2022 has brought artificial intelligence (AI) to the forefront, sparking discussions and creating opportunities in various sectors. While governments have heavily invested in digital governance, the nonprofit sector has largely been on its own to adapt and adopt new technologies. Our team at Charity Insights Canada Project sought to understand the perspectives within Canadian nonprofits by conducting surveys among approximately 1000 registered charities across Canada. There are mixed feelings about AI; some individuals are concerned about the biases present in these technologies, fearing that certain groups may be marginalized. On the flip side, this new “AI era” is perceived as an opportunity for growth and advancement, yet it is imperative to address knowledge gaps about digital tools like ChatGPT and understand the current state of data literacy in the Third Sector. In this paper, we share insights from two surveys conducted six months apart with a panel of 1000 registered charities across Canada, beginning right after ChatGPT’s initial launch. Our data show that initially, the sector displayed a lack of understanding and a high level of skepticism regarding the potential benefits of AI for their operations. The most significant concern was about job obsolescence and whether organizations could adapt quickly to the required skills. Half a year later, the outlook had started to change. There was a noticeable shift towards a more positive view of AI, yet there was also a stark realization that many organizations were not prepared to fully integrate these technologies. To interpret these changes, we applied the Diffusion of Innovation (DOI) Theory by E.M. Rogers, focusing on how the Third Sector adapts to technological innovation. We also examined different types of organizations based on size, age, and location to discern whether their reactions to AI varied at the initial stages of adoption. Our findings lay the groundwork for understanding the early adoption phases of AI in the Third Sector that could inform public policy in how to best support this technological transition. We plan to conduct two additional rounds of surveys in 2024 to continue tracking these trends. This paper is the first phase of a research agenda that aims to compare public servant’s adoption of AI in their work and understand its impact on both public and private organizations.