A02(d) - Les attitudes envers l’immigration au Québec
Date: Jun 12 | Time: 10:15am to 11:45am | Location:
Chair/Président/Présidente : Catherine Xhardez (Université de Montréal)
Discussant/Commentateur/Commentatrice : Catherine Xhardez (Université de Montréal)
Ce panel aborde les attitudes envers l’immigration au Québec. Il s’attache à mieux étudier et comprendre les attitudes de la population québécoise envers les immigrants et les enjeux identitaires qui y sont liés. Ce panel s’articule autour de quatre communications basées sur des données originales (sondages et expériences). D’une part, il met en avant (1) les attentes en matière d’intégration des immigrants au sein de la population québécoise, mais aussi (2) les liens entre l’opinion publique, les comportements électoraux et le sentiment de menace identitaire chez les Québécois. D’autre part, il s’intéresse à la langue et aux accents, que ce soit (3) au niveau de la construction de l’identité québécoise et l’inclusion/exclusion de la diversité ethnoculturelle, ou (4) au niveau des candidats politiques et des attitudes des électeurs. Ce panel est organisé conjointement par l’ÉRIQA (Équipe de recherche sur l’immigration au Québec et ailleurs) et par l’IRI (Initiative de recherche sur l’immigration).
Au-delà de l’enjeu des niveaux: Attentes en matière d'intégration des immigrants au sein de la population québécoise: Antoine Bilodeau (Concordia University), Audrey Gagnon (Université d'Oslo)
Abstract: Les modèles d’intégration nationaux signalent des attentes différentes en matière d'intégration des immigrants. De ce point de vue, les modèles interculturalistes sont parfois présentés comme à mi-chemin entre les modèles multiculturalistes et républicains, encourageant l'accueil des immigrants tout en signalant la centralité de la culture majoritaire de la société d’accueil. Ces débats ont généralement lieu au niveau politique, et les chercheurs examinent rarement la manière dont ils se traduisent dans les perceptions des citoyens. Cet article propose de répondre à cette lacune en examinant les attentes populaires en matière d’intégration des immigrants au Québec. S'appuyant sur une enquête en ligne menée en 2019 auprès de 1 500 répondants non immigrants, l'article répond à deux questions : 1) quelles sont les attentes des Québécois (non immigrants) en matière d'intégration? et 2) leurs attentes sont-elles associées à des préférences en matière d’admission des immigrants?
Le sentiment de menace identitaire au Québec: Éric Bélanger (Université McGill), Jean-François Godbout (Université de Montréal)
Abstract: La question identitaire est revenue en force dans la vie politique québécoise depuis une quinzaine d’années, surtout en réaction aux statistiques montrant un déclin du français ainsi qu’à l’augmentation du nombre d’immigrants dans la province. Ces deux facteurs – langue et immigration – sont également interreliés, du moins en partie. Depuis quelques élections, ces débats semblent avoir mené à l’émergence d’une nouvelle dimension structurante des comportements électoraux au Québec, s’articulant principalement autour de la gestion de la diversité (Bélanger et Godbout 2022; Bélanger et al. 2022). Dans cet article, nous avançons que l’influence de cette dimension s’explique par la théorie de la menace de groupe. En effet, pour une majorité de Québécois, les évolutions récentes dans les domaines de la langue et de l’immigration paraissent témoigner d’une possible menace à la survie de leur groupe ethnoculturel. Nous utilisons les données de sondage de l’Étude électorale québécoise de 2022 pour accomplir deux choses. D’abord, déterminer avec plus de finesses qu’il ne l’a été possible jusqu’ici les contours de l’opinion publique concernant la menace de groupe au Québec. Ensuite, examiner le lien entre ce sentiment de menace identitaire et trois indicateurs du comportement électoral, à savoir la participation électorale, le choix électoral, et l’intention de vote référendaire.
Parler français ou bien le parler? Le rôle de la langue et de l’accent dans la construction de l’identité québécoise et leurs effets sur les attitudes envers la diversité ethnoculturelle: Haroun Aramis (Concordia University), Antoine Bilodeau (Concordia University)
Abstract: Quelle place occupe la langue dans l’identité nationale québécoise? Depuis des siècles, la province francophone martèle l’importance de sa culture distincte au Canada et la langue en est sa manifestation la plus saillante, voire la plus fondamentale. Pour cette raison, les politiques publiques qui visent à défendre la langue sont bien établies dans le paysage politique québécois. Ceci dit, au-delà des politiques et discours publics, on en sait très peu sur l’importance qu’accordent les membres du groupe majoritaire à cette caractéristique dans la construction de leur identité québécoise. Et force est d’admettre qu’on en sait encore moins au sujet de l’accent québécois, bien qu’il soit un marqueur identitaire fort de la nation depuis la Révolution tranquille.
Cette étude examine les façons dont les Québécois tracent les frontières identitaires concernant la langue et l’accent. Nous évaluons ainsi si la langue et l’accent ont une importance similaire parmi les répondants. Nous vérifions également de quelle façon l’importance de la langue et de l’accent définit des attitudes d’exclusion ou d’inclusion envers la diversité ethnoculturelle. En somme, cette étude permettra de comprendre s’il est fondamental de s’intéresser à l’accent lorsque l’on étudie la langue dans l’étude de l’identité nationale, une approche jusqu’à présent très peu utilisée.
La recherche repose sur un sondage réalisé au Québec en ligne en 2022 auprès de 2 401 personnes du groupe majoritaire (non-membre d’une minorité visible ni autochtone, dont la langue maternelle est le français).
Les accents étrangers et régionaux, un obstacle pour les candidats politiques au Québec ?: Philippe Chassé (Université de Montréal), Richard Nadeau (Université de Montréal)
Abstract: Quoique le terme « glottophobie » demeure largement méconnu, le phénomène auquel il renvoie — la discrimination linguistique — est tout sauf marginal, notamment dans les pays francophones. Si un certain nombre de recherches ont répertorié les défis auxquels les Québécois qui ne s’expriment pas selon la norme « standard » font face au quotidien, aucune étude ne s’est penchée sur les obstacles que ceux-ci doivent surmonter lorsqu’ils décident de se porter candidats à une élection. Cet article s’intéresse au rôle que joue la langue dans la formation de l’image des personnalités politiques et examine quelles sont les attitudes des citoyens à l’égard de la manière dont les candidats souhaitant assumer des responsabilités à l’Assemblée nationale du Québec parlent. À l’aide d’une expérience intégrée à un sondage (n = 2000), il analyse les effets de l’accent (étranger ou régional) des candidats politiques sur les attitudes des électeurs. Des enregistrements audios de vingt secondes, correspondant à des conditions expérimentales différentes, seront attribués aléatoirement aux participants. Après avoir écouté l’enregistrement, les participants devront indiquer dans quelle mesure ils pensent que le candidat est compétent et digne de confiance. Il leur sera également demandé d’estimer la probabilité qu’ils soutiennent ce candidat et d’indiquer les qualités personnelles qu’ils associent à cette personne. Les résultats obtenus donneront la possibilité d’évaluer si la discrimination linguistique est un obstacle qui contribue à la sous-représentation de certains groupes de citoyens, notamment les personnes qui sont issues de l’immigration et celles dont la langue maternelle n’est pas le français, au sein des institutions démocratiques québécoises.